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Afin de vous accompagner dans cette période, nous vous proposons de (re)découvrir la sélection du concours Ma Couv'.
Aujourd'hui : Le Rouge et le Noir de Stendhal, extrait du chapitre IV
LE ROUGE ET LE NOIRChapitre IV Envoyez-nous vos illustrations nous les publierons dans cette page !
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Extrait du chapitre IVC’est dans ce chapitre qu’apparaît pour la première fois le héros (ou anti-héros pour certains…) : Julien Sorel. Étrange héros en effet que ce fils de charpentier : Julien, vilain petit canard de la famille, se distingue par son érudition et son ambition. Après avoir renoncé à entrer dans l’armée, il se destine à une carrière ecclésiastique qui, pense-t-il, assouvira ses rêves de gloire et lui permettra de s’élever socialement. Cependant, ce ne sont pas les valeurs religieuses qui dictent la conduite de ce jeune mais bien l’idole historique à laquelle il voue un véritable culte : Napoléon. Alors que son père vient lui annoncer qu’il doit entrer au service de M. de Rênal pour enseigner le latin à ses enfants, Julien est en train de lire son livre préféré, Le Mémorial de Sainte-Hélène.
“En approchant de son usine, le père Sorel appela Julien de sa voix de stentor ; personne ne répondit. Il ne vit que ses fils aînés, espèce de géants qui, armés de lourdes haches, équarrissaient les troncs de sapin, qu'ils allaient porter à la scie. Tout occupés à suivre exactement la marque noire tracée sur la pièce de bois, chaque coup de leur hache en séparait des copeaux énormes. Ils n'entendirent pas la voix de leur père. Celui-ci se dirigea vers le hangar ; en y entrant, il chercha vainement Julien à la place qu'il aurait dû occuper, à côté de la scie. Il l'aperçut à cinq ou six pieds plus haut, à cheval sur l'une des pièces de la toiture. Au lieu de surveiller attentivement l'action de tout le mécanisme, Julien lisait. Rien n'était plus antipathique au vieux Sorel ; il eût peut-être pardonné à Julien sa taille mince, peu propre aux travaux de force, et si différente de celle de ses aînés ; mais cette manie de lecture lui était odieuse : il ne savait pas lire lui-même. Ce fut en vain qu'il appela Julien deux ou trois fois. L'attention que le jeune homme donnait à son livre, bien plus que le bruit de la scie, l'empêcha d'entendre la terrible voix de son père. Enfin, malgré son âge, celui-ci sauta lestement sur l'arbre soumis à l'action de la scie, et de là sur la poutre transversale qui soutenait le toit. Un coup violent fit voler dans le ruisseau le livre que tenait Julien ; un second coup aussi violent, donné sur la tête, en forme de calotte, lui fit perdre l'équilibre. Il allait tomber à douze ou quinze pieds plus bas, au milieu des leviers de la machine en action, qui l'eussent brisé, mais son père le retint de la main gauche comme il tombait. « Eh bien, paresseux ! tu liras donc toujours tes maudits livres, pendant que tu es de garde à la scie ? Lis-les le soir, quand tu vas perdre ton temps chez le curé, à la bonne heure. » Julien, quoique étourdi par la force du coup, et tout sanglant, se rapprocha de son poste officiel, à côté de la scie. Il avait les larmes aux yeux, moins à cause de la douleur physique, que pour la perte de son livre qu'il adorait.”
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